dimanche 22 novembre 2015

La pluie sur tes paumes

Bangkok, 21 novembre 2015.

Elle était japonaise, sans doute. Un je-ne-sais-quoi dans son visage, son allure, ses vêtements. Elle sortait d'un stand de rue de Kao San, un quartier connu pour rassembler, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, les nationalités du monde entier. Un quartier routard, cosmopolite, où la bière est bon marché et la vie nocturne trépidante.
Elle sortait donc de ce stand de rue. Elle a ouvert les bras, paumes tournées vers le ciel, pour savoir s'il pleuvait. Un geste naturel, gracieux, qui doit remonter à la nuit des temps et se comprend sans qu'il soit besoin de mots. Une geste bref comme une présence au monde, à ce ciel plombé d'orage qui, depuis le début de l'après-midi, menaçait de crever.
Nos regards se sont croisés à cet instant précis.
Nous avons échangé un sourire.
Quelles que soient leur langue, leur culture, leur religion et leurs croyances, les hommes, ou plutôt une infime partie d'eux, sont partout les mêmes.
C'est ce qui fait notre force et notre indicible fragilité. Parce que parfois, le sens nous échappe.
Irrémédiablement.


Photo de Jeanloup Sieff.